Chères amies,
On dit souvent que les débuts, les préparatifs d’un nouveau projet sont les moments les plus exaltants. C’est tellement vrai.
J’ai passé les dix derniers jours le nez plongé dans mon carnet de notes, à grifonner des idées, à élaborer des concepts que j’aimerais tester, à capturer des idées au vol comme on attrape des papillons pour les enfermer dans les fichiers d’un MacBookPro. Il est vrai, le soleil qui brille dehors et l’arrivée du Printemps en grande pompe n’ont rien pu y faire, je suis sur ma lancée. Depuis une semaine, je me réveille avant 6h du matin; non pas avec le réveil, mais la tête pleine idées qui se bousculent, l’énergie et la créativité attisées par le feu sacré retrouvé.
Je suis en feuuuuu !!!
Mes amis et proches vous le diront, il est difficile d’échanger avec moi en ce moment. Je suis ailleurs. Déconnectée de ce monde, trop centrée sur ce qui se joue en moi. Quand l’inspiration se présente avec une telle vivacité, les fulgurances créatives qui la secondent sont une grâce infinie. Personne ne peut rivaliser.
Cela n’empêche que, dès que je pense au lancement de ce nouveau projet – à ce qu’il reste à faire, à la phase d’exécution, à la façon de traduire ma vision en une véritable offre, à une stratégie marketing pour amplifier mon message, à l’idée d’être le visage qui incarne tout ce bruit, à Instagram, LinkedIn, Threads – une peur sourde grandit en moi, une montée d’adrénaline aussi glaciale que sournoise commence à saturer mes veines.
Cela m’angoisse, je l’avoue.
Je le sais, parce que je ressens la présence de mon ennemie de toujours —Ma Résistance. A mesure que le projet se dessine clairement, je sens sa colère s’intensifier, plus déterminée que jamais à me barrer la route.
Cette version de moi, qui siège dans les hautes sphères de ma raison—cette Yeba à la vision trop conservatrice de la vie—trouve toujours un mot de découragement à m’offrir.
Pour elle, tout ce que je tente est ridicule : trop risqué, trop précipité, trop mal exécuté. Trop peu. Pas assez bien. Parfois même risible.
Je la vois grimacer en me regardant faire des vidéos, pâlir de honte à chacune de mes tentatives manquées. Pas besoin de tendre l’oreille pour l’entendre me marteler d’arrêter—presque à l’agonie tant cela devient insupportable à ses yeux.
Elle est aussi la voix de l’inaction, celle qui m’incite à ralentir, à me reposer un peu, à perfectionner sans fin, à procrastiner, à me trouver des distractions ou une nouvelle obsession—juste pour s’assurer que j’abandonne… et toujours pour les mauvaises raisons.
Oui, elle, ma Résistance. Mon ego, assise à mes côtés.
Le bras de fer entre nous deux dure depuis des années. En tout Bélier qui se respecte, je lui en fais voir de toutes les couleurs.
Parfois c’est elle qui craque sous mes coups de tête, mes coups d’éclats, mon entêtement irrationnel. Parfois Souvent, c’est moi qui plie sous le poids de sa pression—les vagues d’angoisse qu’elle déclenche en moi ne laissent aucune pitié.
Tel un vieux couple, nous nous jaugeons, nous négocions, conscientes que l’aventure, nous la vivrons ensemble, l’une à côté de l’autre, qu’on le veuille ou non.
Seulement, il n’y a pas de héros sans antagoniste, sans un méchant.
J’ai besoin d’elle autant qu’elle a besoin de moi. En m’opposant résistance, elle m’oblige à me dépasser, à révéler le meilleur de moi-même. Et moi, pour gagner son respect, je relève les défis, prouvant ma valeur, année après année, et gagnant sa confiance—cette confiance en moi tant recherchée.
Ces peurs qui nous tiennent, nous parlent en réalité.
Ne vous y méprenez pas, la Résistance adore appuyer là où ça fait mal.
Elle est à la fois un héritage et l’ennemie de notre évolution. Elle s’ancre dans notre système nerveux, surgissant comme un réflexe reptilien au moindre signal d’alarme. Elle exploite nos peurs les plus profondes pour nous stopper net, nous retenir au seuil de l’inconnu, convaincue d’avoir décelé un danger imminent.
Après avoir bien bourlingué en sa compagnie, j’ai bien saisi qu’il valait mieux ne pas lui forcer la main, ne pas forcer le passage de manière frontale et brutale.
C’est plutôt en l’interrogeant, en l’observant, en l’écoutant que l’on parvient à l’entendre raisonner et à la calmer.
Mais quelles sont ces peurs qu’elle parvient encore à réveiller en toi? Me demanderez-vous sans doute, à juste titre.
Est-ce la peur du changement?
Honnêtement, je ne pense pas. Je l’ai surmontée en laissant la marque derrière moi.
La peur de l’inconnu ?
Pas vraiment. A ce stade, j’ai balisé le terrain, j’ai une idée assez claire de là où je vais.
Alors la peur de l’échec?
C’est une possibilité. Mais j’ai connu l’échec tellement de fois par le passé que j’ai appris à ne plus trop me prendre au sérieux. Je pense que l’échec est une donnée, juste le prix de l’expérimentation. Mais ça, on en parlera une autre fois, restons concentrées.
Ou peut-être la peur de réussir et de te retrouver dans la lumière?
Là on touche à quelque chose. S’il y a une peur que je n’ai pas encore réussi à complètement surmonter, c’est la peur de m’avancer dans la lumière.
Aujourd’hui, en tout honnêteté, je me demande si je serai à la hauteur de YEBA (la marque) et je crains de vous décevoir. Je sais qu'on ne peut pas se choisir pleinement tout en cherchant à plaire aux autres. Pourtant, au fil des années, le regard que vous avez porté sur moi m'a tellement aidée, portée et inconsciemment, je n'ai pas envie de perdre cela. C'est peut-être insensé...mais c’est la vérité.
Malgré tout, il y a une peur qui m’étreint encore plus que toutes celles-là, une angoisse qui s’empare de moi quand je laisse libre cours à mes pensées obscures… C’est “la peur de passer à côté de moi-même”, de la vie que j’aurais pu vivre, de me retrouver prisonnière de circonstances que je n’ai pas choisies —tout simplement, de mourir avec des regrets.
Au risque de me répéter, nos aspirations méritent qu’on rassemble tout notre courage pour au moins aller à leur rencontre même si cela veut dire sortir de sa zone de confort et se jeter dans l’inconnu. Et je sais de quoi je parle.
“Derrière nos plus grandes peurs se cache tout notre potentiel”
Cette citation, je l’ai faite mienne le 6 mars 2017, sur la scène du TEDx.Brussels. Ce jour-là, je l’ai vécue dans toute son intensité, face à des milliers de regards venus croiser le mien. Oui, derrière le voile de nos peurs, se cache une force insoupçonnée – celle qui fait de nous des êtres uniques, incroyables.
Laissez-moi vous raconter cette histoire de transformation, la première que j’ai choisie de vivre sans filet en affrontant ma plus grande peur : le feux des projecteurs.
Je suis certaine que cela pourrait vous inspirer.
C’était en mai 2016, alors que je venais de lancer YEBA… J’étais dans cette phase où tout était à faire, à définir. C’était le temps de l’inexpérience; des batailles quotidiennes, où les échecs et les erreurs se multipliaient, où chaque jour était une opportunité d’apprendre mais aussi de perdre de l’argent, de signer les mauvais contrats, de faire les mauvaises rencontres, de découvrir des prototypes ratés, de soupirer après avoir renoncé à convaincre un webmaster incompétent du bien fondé de ma demande (pour cet aspect, je ne regrette pas l’avancée de la tech)… bref, dans ce chaos plein de vie, plein de rires, de larmes et de café, un mail inattendu s’est frayé un chemin vers ma boîte email.
Il s’agissait d’un certain « Igor Celikovic» de TED.com. Il avait lu dans le ELLE magazine un article qui parlait de moi, de mon impressionnant ‘Shift’ (le premier), et comme il était à la recherche d’un dernier speaker pour boucler l’affiche du prochain TEDx qui se tiendrait dans ma ville, à Bruxelles, au BOZAR, il se demandait si cela pourrait m’intéresser”.
Voici l’article en question, arrivé par magie à l’instant par DM de la part Catherine De Norman qui me suis depuis mes débuts. Belle synchronicité, merci infiniment Catherine! Quand je dis que vous me portez. :)
Découvrir le contenu de ce mail d’Igor Celikovic a presque fait exploser mon coeur de joie, avant qu’il ne menace d’imploser aussitôt, submergé par la peur.
“Quelle idée saugrenue! Moi? faire une conférence TED? Avec un peu de chance, il s'agissait d’un scam, au mieux d’une blague … et puis honnêtement, quand il m’entendrait parler avec ma voix fluette à peine audible, il comprendrait que je n’avais pas ma place sur une telle scène.
“Et pour parler de quoi d’ailleurs?” Je n’avais encore rien accompli qui vaille la peine d’être raconté devant des milliers de personnes averties, si ce n’est : “ne faites pas le saut de l’ange, comme je l’avais fait sur un coup de tête”. °_°
La Résistance en moi, avec son syndrome de l’imposteur en crise aigüe, faisait d’un simple ‘oui’ une épreuve insurmontable.
J’avais commencé à rédiger une réponse pour décliner la proposition quand…
quelque chose m’a retenue.
Au plus profond de moi, je me suis vue “capable” de transmettre un message puissant. J’aimais tellement raconter des histoires, et j’avais consommé tellement de TEDx, que je connaissais la mécanique par cœur. Je pouvais y arriver.
J’ai effacé la réponse négative que je m’apprêtais à envoyer et j’ai écrit à la place :
« Merci infiniment pour cette invitation. TED est une plateforme qui m’a toujours inspirée et l’idée que vous m’offriez une telle chance, que mon histoire ait pu vous mener à moi, m’honore. Quand seriez-vous disponible pour une première rencontre? ».
En faisant ce premier pas, je venais d’emprunter un sentier qui m’a permis de découvrir un trésor caché en moi : une éloquence et un magnétisme dans la voix que j’ignorais jusque là.
Le succès, c’est d’oser dire ‘oui’ à 'l’opportunité mais également à l’action qu’elle exige.
La rencontre avec Igor Celikovic a été une évidence, certes, mais le chemin jusqu’à la scène du TEDx n’a pas été de tout repos.
Les répétitions furent intenses, les nuits d’angoisse où j’oubliais mon texte, plus fréquentes à mesure que le jour J approchait, et la mobilisation de mes proches, totale—bien évidemment ! (L’honneur de la famille était en jeu.)
Ma silhouette fluette et tonique témoignait de ce que ces mois de préparation avaient été : un entraînement digne d’une athlète de haut niveau.
J’étais la dernière à passer parmi sept speakers. Et même si les messages d’encouragement affluaient sur Facebook et WhatsApp et me donnaient de la force, mon mental, lui, avait eu le temps de s’émousser.
Quand le présentateur a prononcé mon nom, "Yeba Olayé", mes jambes, engourdies par le trac, ont refusé de me conduire à lui. J’étais pétrifiée.
J’ai invoqué mon Dieu, l’Univers, mes ancêtres—qu’ils me portent jusqu’au centre de la scène.
Si vous regardez la vidéo de près, vous verrez ce pas disgracieux, à peine camouflé par le montage, qui trahit mon trac—cette peur immense d’y aller.
Malgré tout, et contre toute attente, l’intense préparation m’a sauvée lorsque j’ai prononcé la première phrase de mon discours:
“Centuries ago, in the mountain village of Benin, a young woman ascended the throne …”
Quand ces mots ont résonné, une alchimie inexplicable s'est créée entre moi et le public.A cet instant précis, et pour la première fois de ma vie, une certitude absolue m'a envahie : “j'étais à ma place”—comme si j'avais moi-même pris place sur mon trône. Sur cette scène je découvrais mon génie, ce talent oratoire qui m'offrait un alignement total."
Il aura suffit d’un ‘oui’, malgré la peur qui me tenaillait, pour révéler en moi ce potentiel que j’ignorais.
Dire “oui” quand l’opportunité se présente, c’est aller à la découverte de soi, de plus grand que soi. Par la suite, je ne referai pas l’histoire, cette expérience m’a permis d’insuffler en YEBA, la marque, ce qu’il y avait de plus grand et plus beau en moi : ma singularité, mon histoire, mes racines, mes valeurs.
Croyez-moi, aussi nombreuses soient-elles, nos peurs ne sont que des paravents de ces possibilités qui nous appellent vraiment.
Alors dites moi: “Quelles sont ces peurs qui vous tiennent vous en ce moment?”
Ressentir la peur, et y aller quand même.
S’il y a une leçon que j’ai retenue, c’est que la peur et le courage peuvent coexister. Il est possible d’avoir peur et d’agir avec courage en même temps. N’attendez pas les circonstances parfaites, la confiance absolue ou l’absence de doute. Vous risqueriez d’attendre trop longtemps.
Ayez peur et avancez quand même. Osez, même en tremblant. Prouvez votre courage par l’action. La confiance naît du passage à l’action, de l’essai, de la persévérance—et non de la perfection.
Le plus difficile, ce n’est pas de se sentir confiant avant d’agir—c’est d’accepter d’y aller malgré le doute, de faire face à l’inconnu, de rester présent même quand tout en vous voudrait reculer. Car la peur fait partie du processus.
Regardez-la autrement : non comme une barrière, mais comme un passage, un test bienveillant. Ce que vous redoutez aujourd’hui deviendra demain un territoire familier. Et alors, vous aurez grandi.
Susan Jeffers en parle mieux que moi; Ce livre “Feel the Fear and Do IT Anyway” est dans mon top 3 des meilleurs livres sur la question de la ‘peur’. Il m’a tellement aidée. J’y reviens souvent et vous le recommande.
Petit méa culpa
Parlant de confiance en soi. Je voudrais quand même étayer mon propos, tant je me suis fourvoyée pendant de longues années. La confiance en soi ne vient pas parce qu’on a eu un excès de courage ou qu’on l’a décidé. « You can achieve anything » , « Nothing is impossible », des mantras que je suis coupable d’avoir transformé en slogan pour ma marque à mes débuts, qui sont le reflet d’une approche toxique un peu violente, un peu radicale et militaire, je l’avoue.
Aujourd’hui avec un peu de maturité, je comprends que la solution n’est pas d’éradiquer nos doutes (comme si c’était possible) et de nous convaincre que nous avons déjà toute la confiance nécessaire en nous. La confiance n’est pas un objet que l’on trouve dans une boîte à outil justement, mais un sous-produit d’une vie consacrée à autre chose.
La confiance en soi s'acquiert par l'expérience. On choisit un territoire à explorer : une compétence, une discipline, un défi qui nous appelle. Puis, à chaque pas dans cet espace où la confiance vacille, à chaque ajustement, chaque préparation, chaque chute et chaque relèvement, quelque chose se renforce en nous. Un millimètre à la fois.
Et un jour, on comprend : on peut survivre à l’échec.
Mieux encore, on peut l’utiliser. Et c’est là que la confiance s’ancre, non plus comme une sensation passagère, mais comme une force intérieure.
Et voilà! :)
BONUS
Cette newsletter est un peu trop longue (une fois de plus) mais je ne pouvais pas vous laisser sans ces mots qui viennent de mon mentor virtuel ‘Steven Pressfield’. Steven est la personne qui m’a permis de découvrir ce concept de la “Résistance” qui a tout changé pour moi. Comment ne pas vous conseiller son excellent best seller “The War of Art”.
Voici quelques mots extraits de ce livre, des mots que j’ai glissés dans ma boîte à rêves pour me rappeler les “jours où le doute s’intensifie” de ne pas renoncer.
Chers artistes, créateurs, entrepreneurs, rêveurs,
Êtes-vous un écrivain né ? Etes-vous arrivé sur terre pour être peintre, scientifique, apôtre de la paix ?
Au final, cette question ne peut être répondue que par l’action.
Faites-le, ou ne le faites pas.
Ceci vous aiderait peut-être à voir les choses autrement.
Imaginez que vous êtes destiné à trouver un remède contre le cancer, à écrire une symphonie ou à percer le secret de la fusion froide et que vous ne le faites pas, vous ne faites pas que vous faire du mal—vous vous détruisez.
Vous faites du mal à vos enfants, à moi et à la Planète.
Vous faites honte aux anges qui veillent sur vous et vous défiez le Tout-Puissant, qui vous a créé, vous et vous seul, avec vos dons uniques, dans le seul but de faire avancer l’humanité, ne serait-ce que d’un millimètre, sur son chemin de retour vers lui.
Créer n’est pas un acte égoïste ni une quête d’attention.
C’est un cadeau au monde et à chaque être qui y vit.
Ne nous privez pas de votre contribution.
Donnez-nous ce que vous avez en vous.
Steven Pressfield
En espérant que ces quelques mots résonnent en vois, je vous remercie d’être restée avec moi, jusqu’ici.
Je vous embrasse et vous dis à la prochaine lettre.
Prenez bien soin de vous
xx Yeba